quinta-feira, 16 de outubro de 2008


Carax - o regresso

Reste Carax, qui retrouve avec Merde (rien que le titre, énorme) une énergie inouïe et sauve littéralement ce Tokyo !. Revenu d'entre les morts, le réalisateur de Mauvais sang s'offre un pur et simple attentat qui brille d'un éclat noir au milieu de ce gros sac à bonbons : Merde, c'est le nom d'une créature vivant dans les égouts de la ville. C'est aussi la profession de foi d'un film si étrange et si fulgurant qu'il s'impose immédiatement comme un chef-d'oeuvre complètement suicidaire, entre farce et pamphlet, récréation et crachat. En un long travelling dégénéré sur une avenue renvoyant à la séquence mythique du feu d'artifice des Amants du Pont neuf - Lavant, gros clochard d'apocalypse marche parmi des badins épouvantés. Tout semble dit de l'intacte puissance de feu du réalisateur autant que de sa chute dans une sorte d'interrègne indescriptible, fait d'indicibles allants romantiques (la créature qui se gave de fleurs) et de replis sans retour dans l'obscène. Le génie du traitement de la scène de procès, avec ses split-screens déments et la parade hallucinée du duo Lavant / Balmer (15 bonnes minutes à discutailler frontalement dans une langue inconnue), atomise en toute tranquillité tout ce que l'on a pu voir dans le genre si lénifiant du film-ovni. Que cette merveilleuse éclaboussure advienne dans un ensemble aussi insipide que ce Tokyo ! redouble la force du geste : un formidable coup de poing venu d'on ne sait où et l'assurance que Carax, du bidonville fabuleux où végète son cinéma depuis une éternité, bouge encore. Grandiose.

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