quarta-feira, 27 de agosto de 2008

Quels films vous ont intéressé ces dernières années ?

Certains qui ont eu peu de succès, qui résistent. Ils sont indépendants. Des films comme Toutes les nuits d'Eugène Green. Je ne sais pas s'il réussira les suivants, mais celui-là est intéressant. Je le mettrais dans un top 100.

Il y a donc de bons Américains...

Oui, Manny Farber, c'est un bon Américain. Il y en a d'autres. Mais je ne tiens pas spécialement à critiquer le cinéma américain. D'autant plus qu'il existe aussi une "qualité internationale", où tout se ressemble. Ce sont les films qu'on présente dans les festivals comme Cannes. Les films de Kiarostami, Gus Van Sant, Elia Suleiman... C'est une idée assez commune du cinéma d'art. Je vois ça très bien avec mon prof de tennis. Il n'ira jamais voir un film de Luc Moullet, dont il ne connaît même pas le nom, mais il va voir Elephant. Ça correspond à l'idée qu'il se fait du grand art.

Et en quoi, Kiarostami et Van Sant, est-ce la même chose ?

En tout cas, ça l'est devenu. Gus Van Sant n'a jamais fait un film aussi beau que Et la vie continue. Mais Ten ou Elephant, c'est la même chose. Du cinéma intellectuel, où tout pourrait se formuler par de la parole. C'est des mots. Pour faire ça, il n'y a pas besoin de caméra. Dans le gros cinéma hollywoodien commercial, il n'y a pas besoin de caméra, mais il y a une telle puissance de feu ­ comme disait Staline : "A force de quantité, on finit par écraser la qualité" ­ que ça produit quelque chose. Je vais voir ces films, j'arrive à les oublier tout de suite, ou alors je n'y arrive pas et je m'en veux. Mais pour revenir à Ten et Elephant, je dirais que c'est du sous-Antonioni. Antonioni est le cinéaste qui a le plus influencé le cinéma contemporain, et cette influence est délétère. On a l'influence qu'on peut. Paradjanov par contre n'a pas beaucoup d'influence aujourd'hui et c'est dommage.

Jean-Luc Godard

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