quinta-feira, 15 de maio de 2008
Technicolor noir
Existe sempre este carregamento em Ulmer (o cúmulo será sempre Detour), uma espécie de enegrecimento que torna os seus pequenos (em tamanho) objectos em condensações vitais dos destinos e das verdades dos homens. Incrível a utilização desta arte gravada nesta forma.
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Tout ce que le cinéma peut exprimer se trouve dans ce "petit" film, mi-western, mi récit-d'aventures, à la limpidité et à la richesse de sens confinant au sublime. En vingt-cinq ans de carrière, Ulmer a eu le temps de digérer les influences les plus lointaines et les plus fécondes (le Kammerspiel pour l'expressivité des décors réduits, Murnau pour l'universalité et la densité du propos). Pressé par les circonstances, il a également cultivé jusqu'au génie son sens de l'économie dramatique et de l'économie tout court. The Naked Dawn représente la somme de son œuvre et en même temps le film est si simple, si accessible qu'il peut lui servir d'introduction. C'est une "morality play" (fabliau à portée morale antérieur à la Renaissance) comme l'auteur les aime, racontant l'histoire d'un jeune homme accablé de défauts mais encore malléable et entrant, grâce à un aîné, sur une voie où il trouvera peut-être le moyen de s'améliorer. Son mentor est un voleur, personnage non respectable par excellence, mais qui a pour lui son expérience et sa lucidité.
A l'inverse du jeune homme, il ne se paie pas de mots et de faux semblants. Cela n'est que la trame de l'œuvre qui contient aussi une parabole à plusieurs niveaux et offre une série très riche de variations sur l'errance et la vie sédentaire, la dilapidation et l'accumulation des biens, l'exclusion et la participation, la lucidité et l'hypocrisie. Toute vérité, dans ce récit aux dialogues littéraires et plein de sens, est nuancée par son contraire. En même temps, à travers le personnage d'Arthur Kennedy, le film distille une mélancolie poignante qui se hausse aisément au tragique. Le talent unique du cinéaste est tout entier contenu dans la première séquence (un aventurier aide son compagnon à entrer dans la mort). Ici l'émotion est à son comble. Une émotion de fin de film, alors que l'histoire commence à peine.
Jacques Lourcelles
"Poetic and violent, tender and droll, moving and subtle, joyously energetic and wholesome... reminds us inevitably of Renoir and Ophuls."
François Truffaut
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